Dialogue renforcé, implémentation plus rapide

Au début des années 1980, ORTEC fondé par un groupe d’économétriciens visionnaires a commencé à faire des vagues dans le monde des solutions informatiques logistiques dès sa création. À l’époque, TNT, par exemple, avait fièrement déclaré utiliser le logiciel d’optimisation de schéma directeur logistique d’ORTEC. Alors que TNT a entretemps été acquise par FedEx, ORTEC est devenu un nom connu et a récemment décroché un financement externe d’une société d’investissement afin de continuer à soutenir sa croissance

Recruté en 2011, Frans van Helden a été témoin de la croissance du chiffre d’affaires annuel de 150 % du fournisseur de logiciels logistiques. Il a également vu ORTEC élargir son marché en passant de de logiciels exclusivement destinés à des prestataires de services logistiques, au développement de solutions d’aide à la prise de décision, notamment destinées aux marchés du commerce de détail et de gros, et également aux marchés de la fabrication et de l’énergie. Les chargeurs sont désormais au cœur de l'activité d'ORTEC, sans pour autant négliger l'importance des prestataires de services logistiques qui collaborent avec ces entreprises.

Qu’est-ce qui a amorcé ce changement?

« Pour nous, il est possible de générer bien plus d’effets durables avec les chargeurs. Nous pensons également être en mesure de créer davantage de valeur en nous rapprochant de nos clients, ce qui peut se faire idéalement avec les chargeurs. Cela ne veut pas dire que nous ne travaillons pas aussi avec des prestataires de services logistiques plus importants, comme DHL Supply Chain, car ils travaillent en étroite collaboration avec des chargeurs majeurs. Nous nous sommes fait un nom dans le secteur alimentaire, qui est majoritairement le domaine des grands prestataires de services logistiques. En outre, les chargeurs du secteur alimentaire utilisent souvent SAP et notre logiciel est doté d’une excellente intégration SAP. Nous nous concentrons désormais sur la logistique en général, développant notre portée dès que nous identifions une opportunité d’optimisation. Plus nous voyons large, mieux c’est. »

Quelles conséquences pour les prestataires de services logistiques?

« Je dois souligner que le fait d’élargir notre intérêt dans le but d’inclure à la fois les prestataires de services logistiques et les chargeurs ne signifie pas que le premier groupe perd de l’importance à nos yeux. C’est l’impression que nous pourrions donner, mais des prestataires de services tels que Simon Loos, continuent d’utiliser ORTEC comme module complémentaire à leur TMS et de nombreux autres travaillent pour des entreprises de distribution alimentaire qui sont également nos clients. Bakker Logistics, qui travaille également avec d’autres clients du commerce de détail, est un autre exemple pertinent de prestataire de services utilisant notre solution. »

Sur quel axe vous concentrez-vous actuellement?

« Par rapport aux années précédentes, nous sommes un petit peu plus prudents dans l’adaptation des systèmes à la situation spécifique d’un client. Nous avons remarqué que notre enthousiasme à créer des systèmes excessivement flexibles, certains ayant d’ailleurs décrit notre module ORTEC Routing & Dispatching (ORD) comme une technologie Lego, pouvait générer des problèmes de maintenance logicielle colossaux, ainsi que des coûts élevés. En raison de notre engagement à résoudre un problème donné, nous avons eu à cœur de fournir des produits personnalisés. Nous sommes désormais fermement décidés à migrer vers les versions les plus récentes, au moins pour des raisons de sécurité. Par ailleurs, initier un dialogue avec les clients plus tôt dans le processus contribuera à réduire les implémentations. »

Qu’est-ce que cela signifiera pour les utilisateurs?

« Nous avons commencé à investir plus massivement dans la phase préliminaire afin de réduire la phase de déploiement. Nous avons atteint un stade où certains de nos produits logiciels cloud natifs peuvent être mis en place en un mois, mais je rêve d’une application le jour même. L’étape suivante serait que les équipes au service de la réussite des clients aident ces derniers à passer de la phase de mise en œuvre basique, pendant laquelle ils utilisent environ 60 % de l’application, à une utilisation totale, à 100 %. »

Que pensez-vous de l’essor des plateformes de visibilité?

« Ma philosophie a toujours été de privilégier l’objectif. Trop d’entreprises souffrent de ce que j’appelle en plaisantant une obsession pour un contrôle futile. Observer des camions se déplacer sur une carte numérique n’a pas d’intérêt réel. Même si un tel outil peut donner au client un sentiment de contrôle, vous ne pouvez pas empêcher les problèmes une fois qu’ils se sont produits. Une visibilité post hoc n’est pas d’une grande utilité; il est préférable d’être suffisamment proche des opérations pour être en mesure d’intervenir lorsque cela est nécessaire. Il est également important d’avoir une vision claire de vos objectifs et de définir le niveau de performance qui vous convient. La visibilité pourrait alors constituer un bon point de départ dans un processus d’amélioration. »

Quel sera votre objectif pour les années à venir?

« Je souhaite travailler à l’approfondissement et au renforcement de nos produits au sein de nos marchés actuels, à leur évolution en applications complètes. Parallèlement, je souhaite travailler à l’adoucissement de l’image très mathématique de nos outils, car tous nos clients ne sont pas des férus de mathématiques. Ils cherchent avant tout un outil convivial qui les aide à accomplir leur travail, raison pour laquelle nous nous concentrerons sur les processus de prise de décision et les analyses. Dans le même temps, nous travaillerons au perfectionnement de l’intelligence de notre logiciel afin qu’il puisse proposer de manière autonome des améliorations aux temps de conduite, par exemple, ou suggérer d’autres interventions et afficher leur impact. »

Pourriez-vous donner un exemple précis?

« Prenons un supermarché qui réceptionne les marchandises les lundis, mercredis et vendredis par exemple. Si ce supermarché estimait qu’il serait mieux de permuter les réceptions vers d’autres jours, il devrait tout reprendre à zéro et commencer à faire d’innombrables calculs. Dans cette situation, un modèle pouvant immédiatement prévoir les économies associées à certains changements serait un atout considérable. Avec un tel modèle, vous pourriez rechercher une solution optimale de manière proactive. Le résultat pourrait être que vous devriez accepter un coefficient de charge inférieur à l’objectif certains jours. Cela permettrait aux clients de faire des expériences avec diverses options et d’envisager d’autres décisions et suggestions. Idéalement, vous pourriez faire tout cela en temps réel. »

L’IA y jouera-t-elle un rôle majeur?

« Absolument, nous pensons que l’IA est très prometteuse en complément de techniques plus traditionnelles de recherche opérationnelle (Operations Research en anglais ou OR, à laquelle le nom ORTEC fait référence). L’IA est incroyablement puissante dans des situations spécifiques. Les méthodes classiques resteront la référence pour l’optimisation pure, tandis que l’IA est plus naturelle dans la suggestion de modifications. Pour résumer, nous utilisons la technologie là où elle est la plus adaptée. »

Sommes-nous proches de créer le monde idéal pour les professionnels de la planification?

« Cela dépend vraiment de l’entreprise. Actuellement, la planification est souvent assignée aux personnes ayant l’expérience pratique, ce qui est une bonne chose, car l’expérience est un atout. Dans de nombreuses entreprises, la planification est un processus majoritairement manuel et la perspective d’un outil de planification totalement automatisé est trop irréaliste pour la plupart. Pour ces entreprises, les systèmes de planification sont vus comme une mystérieuse boîte de classement qui génère un programme optimal. Si l’automatisation totale est une avancée trop rapide, vous devez procéder par étapes plus petites. Améliorer votre planification en appliquant de meilleures règles opérationnelles est un bon début. Qui plus est, les planificateurs vont devenir des analystes de la planification, résolvant uniquement les problèmes de planification les plus compliqués. Dans le même temps, l’innovation requiert des entreprises qu’elles adoptent rapidement les nouvelles technologies. »